Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/433

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

proque. D’ailleurs, les médecins appelés pour visiter la plaie de Sosis, reconnurent qu’elle n’était que superficielle, et ne pouvait être l’effet d’un coup violent, les blessures faites avec l’épée étant plus profondes au milieu : celle de Sosis était légère d’un bout à l’autre, et avait plusieurs têtes, ce qui marquait qu’elle avait été faite à plusieurs reprises, la douleur ayant forcé Sosis de s’arrêter pour recommencer ensuite. Ce qui confirma le rapport des médecins, c’est qu’il vint sur ces entrefaites plusieurs personnes connues, qui apportèrent dans l’assemblée un rasoir, et déclarèrent qu’ils avaient rencontré dans la rue Sosis tout ensanglanté, criant qu’il fuyait les soldats étrangers de Dion qui venaient de le blesser ; mais que, s’étant mis incontinent à la poursuite de ces soldats, ils n’avaient vu personne, et que, sous une roche creuse d’où Sosis venait de sortir, ils avaient trouvé ce rasoir. L’affaire de Sosis allait déjà fort mal, lorsque ses propres domestiques vinrent fournir de nouvelles preuves contre lui : ils déposèrent que Sosis était sorti seul de sa maison avant le jour, ayant ce rasoir à la main. Tous les accusateurs de Dion se retirèrent alors : le peuple condamna Sosis à mort, et se réconcilia avec Dion. Toutefois les soldats étrangers furent toujours suspects aux citoyens, surtout depuis que la plupart des combats contre le tyran se donnaient sur mer.

Mais, après que Philistus fut arrivé de l’Iapygie avec un grand nombre de trirèmes pour secourir Denys, comme ces troupes étrangères, qui n’étaient propres qu’à des combats de pied ferme, devenaient inutiles pour cette guerre, les Syracusains crurent qu’elles allaient être entièrement sous leur dépendance, parce qu’ils combattaient sur mer, et étaient les plus forts comme maîtres de la flotte. Une chose augmenta encore leur fierté, ce fut la victoire navale qu’ils remportèrent sur Philistus, envers lequel ils se montrèrent cruels et barbares. Il est vrai qu’Éphore