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prise quelque revers de fortune[1]. Ces choses faites, Dion se rendit maître des Épipoles, délivra tous les citoyens qui étaient détenus, et environna la citadelle d’un mur de circonvallation.

Sept jours après, Denys entra par mer dans la citadelle. Le même jour, les armes que Dion avait laissées en dépôt à Synalus arrivèrent sur des chariots ; il les distribua à ceux des Syracusains qui n’en avaient point ; les autres s’équipèrent le mieux qu’il leur fut possible, et montrèrent la plus grande ardeur. Sur ces entrefaites, Denys envoya des députés à Dion en particulier, afin de le sonder ; mais, comme Dion répondit qu’il devait s’adresser aux Syracusains, devenus libres, le tyran fit porter à ceux-ci, par les mêmes députés, les propositions les plus favorables, leur promettant une diminution considérable d’impôts, et une exemption de service, excepté dans les guerres entreprises avec leur agrément. Les Syracusains ne firent que se moquer de ces promesses ; et Dion répondit aux députés ; « Si Denys n’abdique pas la tyrannie, il ne traitera pas avec les Syracusains ; mais, s’il abdique, moi-même, par égard pour notre ancienne liaison, je l’aiderai à obtenir tout ce qui sera juste, et tous les avantages qui seront en mon pouvoir. »

Denys parut content de ces offres, et envoya de nouveaux députés, pour demander aux Syracusains qu’ils députassent à la citadelle quelques-uns d’entre eux, avec lesquels il pût traiter des intérêts communs, et s’entendre sur les sacrifices respectifs que chacun pourrait faire. On y envoya des citoyens dont Dion avait approuvé le choix ; et, aussitôt après, le bruit se répandit de la citadelle dans la ville, que Denys allait se démettre de

  1. Les révolutions de l’ombre solaire étaient regardées comme une image des revers et des vicissitudes des choses humaines.