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CICÉRON.


(De l’an 106 à l’an 43 avant J.-C)

Quant à Cicéron, sa mère se nommait, dit-on Helvia : elle était d’une famille distinguée, et elle soutint, par sa conduite, la noblesse de son origine. On a, sur la condition de son père, des opinions très-opposées : les uns prétendent qu’il naquit et fut élevé dans un atelier de foulon ; les autres le font descendre de Tullus Attius[1] qui régna sur les Volsques avec tant de gloire, et qui lutta sans trop de désavantage contre les Romains. Du reste, le premier de cette famille qui eut le surnom de Cicéron paraît avoir été un homme fort recommandable ; et c’est pour cela que ses descendants, loin de rejeter ce surnom, se firent un honneur de le porter, bien qu’il fût une occasion de continuelles moqueries. Cicer, en latin, signifie un pois chiche ; le premier Cicéron avait, dit-on, à l’extrémité du nez une excroissance qui ressemblait à un pois chiche, et c’est là ce qui lui fit donner ce surnom. Cicéron, celui dont nous écrivons la vie, la première fois qu’il brigua une charge, et qu’il mit la main aux affaires publiques, fut sollicité par ses amis de quitter ce nom, et d’en prendre un autre ; mais il répondit, avec une noble fierté : « Je ferai tous mes efforts pour rendre le nom de Cicéron plus célèbre que ceux des Scaurus et des Catulus. » Pendant sa questure en Sicile, il fit aux dieux l’offrande d’un vase d’argent, sur lequel il fit graver ses

  1. Celui auprès duquel se réfugia Coriolan.