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telle fortune, qu’après Agrippa, qui tenait le premier rang auprès de César, et après les fils de Livie, qui occupaient le second, il était lui-même le troisième en puissance et en crédit. Octavie avait eu de Marcellus, son premier mari, deux filles et un fils, nommé aussi Marcellus, lequel fut adopté par César, qui le choisit pour gendre[1]. César fit épouser à Agrippa une des filles d’Octavie ; mais, le jeune Marcellus étant mort peu de temps après son mariage, comme César ne trouvait pas facilement parmi ses amis un gendre qui méritât sa confiance, Octavie lui proposa de marier Agrippa, qui répudierait sa fille, à la veuve de Marcellus. César, d’abord, et ensuite Agrippa, agréèrent cette proposition ; et Octavie reprit sa fille : elle la maria au jeune Antonius, et Agrippa épousa la fille de César.

Il restait encore deux filles d’Antoine et d’Octavie : l’une fut mariée à Domitius Énobarbus ; et l’autre, nommée Antonia, aussi célèbre par sa beauté que par sa vertu, épousa Drusus, fils de Livie et beau-fils de César. De ce mariage naquirent Germanicus et Claude, lequel fut depuis empereur. Des enfants de Germanicus, l’un, Caïus, après un règne fort court, qu’il signala par sa démence, fut tué avec sa femme et sa fille ; l’autre, Agrippine, qui avait de son mari Énobarbus un fils nommé Lucius Domitius, épousa en secondes noces l’empereur Claude, lequel adopta le fils de sa femme, et le nomma Néron Germanicus. C’est ce même Néron qui a régné de nos jours, qui a tué sa mère, et qui, par ses débauches et ses folies, a été sur le point de renverser l’empire romain. Il était le cinquième descendant d’Antoine.

  1. C’est le Marcellus du sixième livre de l’Énéide.