Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/363

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre l’Illyrie et l’océan Occidental, et depuis cet océan jusqu’aux mers d’Étrurie et de Sicile ; il renfermait en outre la portion de l’Afrique qui regarde l’Italie, la Gaule et l’Espagne, jusqu’aux colonnes d’Hercule ; quant à la partie de l’Afrique qui s’étend de la Cyrénaïque à l’Éthiopie, elle était sous l’obéissance d’Antoine.

Mais Antoine s’était tellement asservi aux caprices d’une femme, que, malgré la supériorité de ses forces de terre, il voulut, par le seul motif de plaire à Cléopâtre, que l’affaire se vidât par un combat naval, et cela quand il voyait ses triérarques, manquant de rameurs, enlever de cette Grèce, déjà si malheureuse, les voyageurs, les muletiers, les moissonneurs et jusqu’aux jeunes garçons, sans pouvoir encore compléter l’équipage de ses vaisseaux, dont un grand nombre étaient dépourvus de matelots, et ne naviguaient qu’à grand’peine. Les navires de César n’avaient ni cette masse ni cette hauteur qui ne sont bonnes que pour l’ostentation ; mais ils étaient agiles, propres à toutes manœuvres, et abondamment pourvus de tout. Il les tenait dans les ports de Tarente et de Brundusium ; et ce fut de là qu’il envoya dire à Antoine de ne plus perdre un temps précieux, mais de venir avec toutes ses forces, lui offrant des rades et des ports où il pourrait aborder sans obstacle, et promettant de s’éloigner de la côte d’Italie, lui et son armée de terre, de tout l’espace qu’un cheval peut fournir dans une course, jusqu’à ce qu’il eût débarqué son armée en sûreté et assis son camp. Antoine, pour répondre à cette bravade, le défia, quoiqu’il fût le plus vieux, à un combat singulier, ou, s’il s’y refusait, à combattre en bataille rangée dans la plaine de Pharsale, comme avaient fait auparavant César et Pompée. Pendant qu’Antoine se tenait à l’ancre près du promontoire d’Actium[1], à l’endroit où est main-

  1. En Acarnanie.