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Bacchus dans toute sa conduite : il se faisait appeler pour cette raison, comme nous l’avons dit, le nouveau Bacchus. La même tempête, fondant à Athènes sur les colosses d’Eumène et d’Attalus, sur lesquels était inscrit le nom d’Antoine, les renversa seuls, bien qu’ils fussent parmi un grand nombre d’autres. Un signe des plus effrayants se manifesta sur la galère amirale de Cléopâtre, que la reine avait nommée Antoniade : des hirondelles avaient fait leur nid sous la poupe ; il en survint d’autres qui chassèrent les premières, et tuèrent leurs petits.

Quand on fut au moment de commencer la guerre, Antoine n’avait pas moins de cinq cents navires, parmi lesquels il y en avait plusieurs à huit et dix rangs de rames, tout aussi magnifiquement armés que s’ils eussent dû servir à une pompe triomphale, et non à un combat. Son armée était forte de deux cent mille hommes de pied et de douze mille chevaux. Il avait sous ses ordres plusieurs rois ses alliés : Bocchus, qui régnait en Afrique ; Tarcondémus, dans la Cilicie supérieure ; Archélaüs, en Cappadoce ; Philadelphe, roi de Paphlagonie ; Mithridate, de Comagène, et Adallas, de Thrace. Ceux des autres qui ne purent s’y trouver en personne y avaient envoyé leurs armées : ainsi Polémon, roi de Pont ; Malchus, roi des Arabes ; Hérode roi des Juifs ; Amyntas, roi des Lycaoniens et des Galates[1] ; le roi des Mèdes lui-même avait envoyé à Antoine un renfort considérable. Quant à César, il avait deux cent cinquante vaisseaux de guerre, quatre-vingt mille hommes de pied, et presque autant de cavalerie que son ennemi. L’empire d’Antoine s’étendait depuis l’Euphrate et l’Arménie jusqu’à la mer Ionienne et à l’Illyrie ; celui de César embrassait tous les pays situés

  1. Il manque ici un nom dans le texte : Amyntas n’était pas roi des Galates, mais bien Déjotarus, qu’on verra tout à l’heure quitter, ainsi qu’Amyntas, le parti d’Antoine, et passer du côté de César.