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marche de huit mille stades[1], puis d’aller, aux premiers jours du printemps, et avant que les Parthes eussent quitté leurs cantonnements, s’emparer de la Médie ; Antoine, dis-je, loin de suivre ces prudentes mesures, fit presser sans relâche la marche des troupes ; et, laissant l’Arménie à sa gauche, il se jeta dans l’Atropatène, et la ravagea. Ensuite, comme il faisait suivre sur trois cents chariots toutes les batteries nécessaires à un siège, parmi lesquelles un bélier de quatre-vingts pieds de long, et dont aucune, si elle était venue à se rompre, n’eût pu être refaite à temps, parce que les provinces de la haute Asie ne produisent pas de bois assez haut ni assez dur pour être employé à cet usage, il eut tant de hâte que, regardant ces machines comme un obstacle à la promptitude de sa marche, il les laissa en chemin sous la garde d’un corps de troupes que commandait Tatianus[2], et alla mettre le siege devant Phraata[3] ville considérable, où étaient les femmes et les enfants des rois mèdes. Le besoin lui fit bientôt sentir la faute qu’il avait faite de laisser derrière lui ses batteries ; et, pour y suppléer, il fit pousser contre la ville une levée, qui coûta beaucoup de temps et de peine.

Cependant Phraate arriva avec une puissante armée ; et, ayant appris qu’Antoine avait laissé en chemin les chariots qui portaient ses machines, il envoya sur-le-champ un gros de cavalerie pour s’en saisir. Ils enveloppèrent Tatianus, qui fut tué en combattant, et, avec lui, dix mille hommes de son détachement. Les Barbares se saisirent des batteries, et les mirent en pièces ; ils firent aussi un grand nombre de prisonniers, parmi lesquels se trouva le roi Polémon.

  1. Environ quatre cents lieues.
  2. Dion le nomme Statianus.
  3. Dion nomme cette ville Praaspa.