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Cependant Ventidius battit encore, dans la Cyrrhestique, Pacorus, fils du roi des Parthes, qui était entré en Syrie à la tête d’une puissante armée : Pacorus périt dans l’action, avec un grand nombre des siens. Cet exploit, un des plus célèbres que l’histoire nous ait transmis, fut pour les Romains une vengeance éclatante des revers qu’ils avaient éprouvés chez les Parthes sous Crassus, et obligea ceux-ci, défaits dans trois combats consécutifs, à se renfermer dans la Médie et la Mésopotamie. Ventidius n’osa pas les poursuivre plus loin, de peur d’exciter la jalousie d’Antoine : il se borna à faire rentrer sous l’obéissance les peuples qui s’étaient révoltés ; puis il alla assiéger dans la ville de Samosate Antiochus Commagénus, qui lui offrait mille talents[1] pour le détourner de son dessein, et promettait, en outre, d’obéir ponctuellement aux ordres d’Antoine. Mais Ventidius lui fit réponse qu’il envoyât faire ses propositions à Antoine lui-même ; car Antoine s’avançait vers Samosate pour empêcher Ventidius de faire la paix avec Antiochus, voulant qu’elle fût conclue sous son nom, afin que tous les succès ne fussent pas attribués à son lieutenant. Mais, le siège traînant en longueur, et les assiégés, qui avaient perdu tout espoir de capitulation, ayant opposé aux assiégeants une vigoureuse défense, Antoine ne put rien faire de considérable : c’est pourquoi, plein de honte et de repentir, il se trouva trop heureux de faire la paix avec Antiochus moyennant trois cents talents[2]. Il termina ensuite en Syrie quelques affaires peu importantes, et retourna à Athènes : là, après avoir rendu à Ventidius tous les honneurs dus à ses exploits, il le renvoya à Rome pour le triomphe.

Ventidius est, jusqu’à nos jours, le seul général ro-

  1. Environ six millions de francs.
  2. Environ dix-huit cent mille francs de notre monnaie.