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que César était alors malade. Ayant trouvé sur le champ de bataille le corps de Brutus, il lui adressa quelques reproches au sujet de la mort de Caïus Antonius son frère, que Brutus avait fait périr en Macédoine, par vengeance de la mort de Cicéron ; ajoutant néanmoins qu’il rejetait cette mort bien plus encore sur Hortensius que sur Brutus. Aussi fit-il égorger Hortensius sur le tombeau de son frère ; tandis que, s’étant dépouillé de sa cotte d’armes, qui était d’un grand prix, il la jeta sur le corps de Brutus, et ordonna à un de ses affranchis de rester aupres du corps, et de veiller aux funérailles. Dans la suite ayant appris que cet homme n’avait pas brûlé la cotte d’armes avec le corps, et avait soustrait une grande partie de la somme qu’il avait assignée pour les obsèques, il le fit mourir.

Après cette victoire, César, dont la maladie se prolongeait, se fit porter à Rome, où la faiblesse de sa santé faisait croire qu’il ne vivrait pas longtemps. Quant à Antoine, il alla parcourir les provinces de l’Orient pour y lever des contributions, puis il passa en Grèce avec une nombreuse armée. Car, comme les triumvirs avaient promis cinq mille drachmes[1] à chacun de leurs soldats, ils étaient obligés de forcer les impositions, afin de se procurer l’argent nécessaire. Antoine ne se montra d’abord ni dur ni exigeant envers les Grecs : au contraire, il prenait plaisir à entendre les disputes des gens de lettres, à contempler des spectacles, et à assister aux cérémonies des initiations ; il rendait la justice avec une grande douceur, et aimait à s’entendre appeler l’ami des Grecs, et plus encore des Athéniens : il fit à ces derniers des présents considérables pour leur ville. Les Mégariens, à l’envi de ceux d’Athènes, voulant lui montrer ce qu’ils avaient de curieux, et en particulier le palais

  1. Environ quatre mille cinq cents francs de notre monnaie.