Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et à l’éloquence ; mais il s’appliqua surtout à imiter le style de l’école asiatique[1], qui florissait alors dans tout son éclat : rien n’eût pu s’ajuster mieux avec sa vie tas-tueuse, pleine d’ostentation, et sujette à toutes les inégalités que l’ambition entraîne à sa suite.

Gabinius, homme consulaire, faisant voile pour la Syrie[2], passa en Grèce : il voulut persuader à Antoine de l’accompagnera cette expédition ; mais Antoine répondit qu’il n’irait point à l’armée comme simple particulier. Gabinius lui donna donc le commandement de sa cavalerie, et l’emmena avec lui. Envoyé d’abord contre Aristobule, qui avait fait révolter les Juifs, il monta le premier sur la muraille de la plus forte place du pays, et chassa Aristobule de toutes ses forteresses ; puis, lui ayant livré bataille, malgré l’infériorité de ses troupes, il le défit, tailla en pièces la plus grande partie de son armée, et le fit prisonnier avec son fils. En ce temps-là, Ptolémée[3] alla trouver Gabinius, et lui offrit dix mille talents[4] s’il voulait entrer avec lui en Égypte avec son armée, et le rétablir dans ses États. La plupart des officiers s’opposaient à cette expédition ; et Gabinius lui-même, tout captivé qu’il fût par l’appât des dix mille talents, balançait à entreprendre cette guerre. Mais Antoine, qui ne demandait que de grandes occasions afin de se pouvoir signaler, et qui désirait d’ailleurs obliger Ptolémée, dont les sollicitations l’avaient intéressé en sa faveur, détermina Gabinius à cette entreprise. Or, on craignait le chemin qu’il fallait tenir pour arriver à Péluse plus que la guerre en elle-même ; car on avait

  1. C’est l’école d’éloquence qu’avait fondée l’orateur Eschine, après avoir été forcé de quitter Athènes, et qui se perpétua longtemps après lui. Voyez la Vie de Cicéron dans ce volume.
  2. En qualité de proconsul.
  3. Ptolémée Aulétès.
  4. Environ suivante millions de francs.