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il allait s’en percer, si ses amis qui l’environnaient ne l’en eussent empêché : ils cherchèrent à le consoler, et finirent par lui persuader de prendre son parti : il envoya donc vers Séleucus, pour lui dire qu’il se remettait à sa discrétion.

À cette nouvelle, Séleucus dit à ses courtisans : « Ce n’est pas la bonne fortune de Démétrius qui le sauve ; c’est la mienne qui, outre tant de faveurs qu’elle m’a fait, me donne encore une occasion de montrer à son égard ma douceur et mon humanité. » Il appelle les officiers de sa maison, il leur ordonne de dresser une tente digne d’un roi, et de préparer toutes choses pour faire à Démétrius une réception magnifique. Séleucus avait alors auprès de lui un ancien ami de Démétrius, nommé Apollonidès : ce fut lui qu’il choisit et qu’il dépêcha sur l’heure même à Démétrius, afin qu’il vînt le trouver avec plus de confiance, et comme un parent et un gendre qui serait charmé de le recevoir. Lorsque les courtisans connurent les dispositions favorables de leur roi pour Démétrius, quelques-uns, d’abord en petit nombre, allèrent sur-le-champ au-devant de Démétrius ; ensuite la plupart des amis mêmes de Séleucus s’y rendirent, s’empressant tous à l’envi, et tâchant de se devancer les uns les autres, pour être les premiers auprès de Démétrius, qu’ils s’attendaient à voir en grand crédit à la cour de Séleucus. Cet empressement changea bientôt en jalousie la compassion que ses malheurs avaient d’abord inspirée, et donna lieu aux courtisans envieux et malintentionnés de détourner et de rendre inutiles les dispositions favorables du roi : ils lui firent entendre qu’aussitôt que Démétrius serait arrivé, on verrait dans son camp des mouvements séditieux et des nouveautés dangereuses. Cependant Apollonidès était arrivé plein de joie auprès de Démétrius ; et ceux qui étaient partis après lui, survenant successivement, portaient tous à Démétrius de flatteuses