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nisons dans les villes, leva de fortes contributions sur le pays, et y laissa, comme gouverneur et comme premier magistrat, l’historien Hiéronyme : conduite qui parut aux Béotiens pleine d’humanité. Mais ce fut surtout à l’égard de Pisis qu’il se montra modéré ; car, l’ayant fait prisonnier, il ne lui fit aucun mal : au contraire, il lui parla avec beaucoup de douceur et d’amitié, et l’établit polémarque à Thespies.

Peu de temps après, Lysimachus fut fait prisonnier par Dromichétès[1] Sur cette nouvelle, Démétrius marcha promptement vers la Thrace, espérant la trouver sans défense. Mais les Béotiens profitèrent de son absence et révoltèrent ; et Démétrius apprit en chemin que Lysimachus avait été remis en liberté. Alors, transporté de colère, il retourna en toute hâte sur ses pas : il trouva, à son arrivée, les Béotiens déjà battus par Antigonus son fils, et mit derechef le siège devant Thèbes.

Vers ce même temps, Pyrrhus, qui courait toute la Thessalie, s’étant avancé jusqu’aux Thermopyles, Démétrius laissa son fils pour continuer le siège, et marcha contre lui. Pyrrhus, au premier bruit de son approche, prit la fuite : alors Démétrius, après avoir laissé en Thessalie un corps de dix mille hommes de pied et de mille chevaux, retourna devant Thèbes. Il fit approcher des murailles son hélépole, laquelle, à cause de sa grandeur et de son poids énorme, avançait si lentement et avec tant d’efforts, qu’en deux mois elle faisait à peine deux stades[2]. Les Béotiens se défendaient avec une grande vigueur ; et Démétrius, irrité, forçait chaque jour ses soldats, plus par opiniâtreté que pour une véritable utilité, à donner de nouveaux assauts et à s’exposer sans

  1. Roi des Gètes, à qui Lysimachus, vaincu par la soif, s’était rendu à discrétion, lui et son armée.
  2. Moins d’un demi-quart de lieue.