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mère Thessalonique, l’autre, Alexandre, appela Pyrrhus de l’Épire et Démétrius du Péloponnèse, et les pressa de venir à son secours. Pyrrhus, arrivé le premier, s’empara tout d’abord d’une partie de la Macédoine, qu’il retint pour prix du secours qu’il donnait à Alexandre, et ne fut plus pour Alexandre qu’un voisin redoutable. Démétrius, de son côté, s’était mis en marche aussitôt après avoir reçu les lettres d’Alexandre. Mais Alexandre, qui le jugeait plus dangereux encore que Pyrrhus, à cause de sa dignité personnelle et de sa grande réputation, alla au-devant de lui ; et, l’ayant rencontré à Dium[1], il le salua avec de grandes démonstrations d’amitié, et lui déclara que l’état actuel de ses affaires n’exigeait plus le secours qu’il lui avait demandé. Ce changement rendit les deux princes suspects l’un à l’autre ; et, un soir, comme Démétrius allait souper chez Alexandre, qui l’en avait prié, quelqu’un vint l’avertir qu’on lui dressait une embûche, et qu’on avait formé le complot de l’assassiner au milieu du repas. Démétrius ne se troubla point à cette nouvelle : il suspend un instant sa marche, ordonne à ses capitaines de tenir les troupes sous les armes, et à ses gardes et à ses officiers, qui étaient plus nombreux que ceux d’Alexandre, d’entrer avec lui dans la salle du festin, et de se tenir là jusqu’à ce qu’il se levât de table. Alexandre, qui le voyait si bien accompagné, n’osa pas exécuter son dessein ; et Démétrius, prétextant qu’il était indisposé et ne pouvait demeurer longtemps à table, se retira de bonne heure. Le lendemain, il fit tout préparer pour son départ, alléguant qu’il lui était survenu des affaires pressantes : il pria Alexandre de l’excuser s’il le

  1. Au-dessous de Pydna, sur la côte du golfe Thermaïque. Du reste, ce nom de Dium est une correction pour Déinum, qu’il y a dans le texte : Déinum étant complètement inconnu, on s’est accordé à y substituer Dium.