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mais, en côtoyant l’Attique, il fut assailli d’une violente tempête, où il perdit la plupart de ses vaisseaux et une grande partie de ses troupes. S’étant sauvé heureusement, il commença à faire quelque peu la guerre aux Athéniens ; mais, comme il vit qu’il n’obtenait aucun résultat, il envoya ses officiers assembler une nouvelle flotte ; et lui-même il entra dans le Péloponnèse, et mit le siège devant Messène. Dans un assaut qu’il fit donner à la place, il fut en danger de perdre la vie : un trait de batterie le frappa au visage, et lui perça la joue. Quand il fut guéri, et après avoir repris quelques villes qui avaient abandonné son parti, il entra derechef dans l’Attique, s’empara d’Éleusis et de Rhammuse, et ravagea tout le pays. Ayant pris un vaisseau qui portait du blé à Athènes et fait pendre le marchand et le pilote, les trafiquants maritimes, effrayés, n’osèrent plus se hasarder à y en conduire, de sorte que la ville se trouva réduite à la plus affreuse disette, non-seulement de blé, mais de toutes les choses nécessaires : le médimne de sel s’y vendait quarante drachmes[1], et le boisseau de blé trois cents[2]. Dans cette extrémité, les Athéniens eurent un moment d’espérance : un convoi de cent cinquante voiles, que Ptolémée envoyait à leur secours, parut à la hauteur d’Égine ; mais ensuite, Démétrius ayant reçu, tant du Péloponnèse que de Cypre, des vaisseaux au nombre de trois cents, les Égyptiens levèrent l’ancre et prirent la fuite. Le tyran Lacharès s’échappa aussi, et abandonna la ville.

Les Athéniens, bien qu’ils eussent prononcé, par un décret, la peine de mort contre quiconque oserait parler de paix et d’accommodement avec Démétrius, ouvrirent à l’instant même les portes voisines de son camp, et lui envoyèrent des députés : non qu’ils attendissent de lui

  1. Environ trente-six francs de notre monnaie.
  2. Environ deux cent soixante-dix francs de notre monnaie.