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qu’enfin, revenu de son étonnement, il s’écria : « Le beau travail ! l’admirable ouvrage ! il y manque pourtant cette grâce qui seule pourrait élever les tableaux de Protogène jusqu’aux cieux. » Ce tableau, porté depuis à Rome avec un grand nombre d’autres, périt dans un incendie.

Cependant les Rhodiens commençaient à se lasser de la guerre ; Démétrius, de son côté, ne cherchait qu’un prétexte pour la terminer, lorsque les Athéniens survinrent à propos, et firent conclure un traité[1] par lequel les Rhodiens s’engagèrent à former avec Antigonus et Démétrius une ligue offensive et défensive, dont Ptolémée fut excepté. Les Athéniens venaient appeler à leur secours Démétrius contre Cassandre, qui tenait leur ville assiégée. Démétrius mit à la voile, avec cent trente vaisseaux et une nombreuse infanterie, et chassa Cassandre de l’Attique ; il fit plus, il le poursuivit jusqu’aux Thermopyles, et mit son armée en déroute : Héraclée se rendit volontairement à Démétrius, et six mille Macédoniens passèrent de son côté. En retournant de cette expédition, Démétrius remit en liberté tous les Grecs en deçà des Thermopyles, fit alliance avec les Béotiens, et s’empara des forts de Phylé et de Panacte, deux boulevarts de l’Attique : il chassa les garnisons que Cassandre y tenait, et rendit les places aux Athéniens. Les Athéniens, qui semblaient avoir épuisé toutes leurs ressources pour honorer Démétrius, trouvèrent encore moyen d’inventer de nouvelles adulations. Ils lui assignèrent pour résidence le derrière du Parthénon. Démétrius y logea ; et l’on disait que Minerve elle-même le recevait dans son temple. Pourtant c’était un hôte bien peu digne d’elle, et dont la conduite ne répondait guère au voisinage d’une vierge.

On conte qu’un jour Philippe, frère de Démétrius, se

  1. Diodore de Sicile attribue cette médiation aux Étoliens.