Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cheux excès, qu’emportés hors de leur naturel par la chaleur de la lutte qu’ils soutenaient contre leurs adversaires, et par la colère que leur inspirait la résistance : ils furent maîtrisés, pour ainsi dire, par le vent de leurs passions. Quoi de plus beau, en effet, quoi de plus juste que leur premier plan, si les riches n’eussent mis en œuvre tout ce qu’ils avaient de force et de puissance, pour faire rejeter la loi, réduisant ainsi tous les deux à combattre, Tibérius pour défendre sa vie, et Caïus pour venger la mort d’un frère qu’on avait fait périr sans qu’il y eût eu contre lui ni jugement, ni décret, ni même aucun ordre émané d’un magistrat !

Tu vois maintenant toi-même[1], par ce qui vient d’être dit, les différences qui distinguent ces quatre personnages. Que s’il faut les caractériser chacun en particulier, je puis dire que Tibérius l’emporte sur les trois autres par sa vertu ; qu’Agis, tout jeune qu’il fût, est celui qui a fait le moins de fautes ; et que Caïus fut très-inférieur à Cléomène par l’activité et l’audace.

  1. Plutarque parle ici à Sossius Sénécion.