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Androtion, Timocrate et Aristocratès furent composées pour d’autres orateurs, parce qu’il n’avait point encore abordé les affaires publiques : en effet, il paraît les avoir écrites à l’âge de vingt-sept ou vingt-huit ans. Mais il prononça lui-même le discours contre Aristogiton, et celui des Immunités, qu’il fit, comme il le dit lui-même, en faveur de Ctésippus, fils de Chabrias, et, à ce que prétendent quelques-uns, parce qu’il voulait épouser la mère de ce jeune homme. Ce mariage n’eut pourtant pas lieu : il épousa une fille de Samos, suivant ce que rapporte Démétrius de Magnésie[1], dans son traité des Synonymes[2]. On ne sait pas d’une façon certaine si l’oraison contre Eschine sur la fausse ambassade fut réellement prononcée : toutefois Idoménée assure qu’Eschine ne fut absous, dans cette occasion, qu’à la majorité de trente voix ; mais, à en juger par les discours des deux orateurs sur la Couronne, il ne paraît pas que le fait soit bien authentique : ils ne disent ni l’un ni l’autre d’une manière claire et formelle que cette affaire ait été poussée jusqu’à un jugement définitif. Du reste, c’est une question que d’autres décideront mieux que moi.

La paix durait encore, que Démosthène avait déjà fait connaître quels principes guideraient sa conduite politique : il ne laissait rien passer, sans un contrôle sévère, de tout ce que faisait le Macédonien ; à chacun de ses actes, Démosthène jetait l’alarme parmi les Athéniens, et enflammait les cœurs contre le roi. Aussi Philippe tenait-il un compte tout particulier de la personne de Démosthène ; et, lorsqu’il vint, lui dixième, ambassadeur en

  1. Historien contemporain de Pompée.
  2. D’autres lisent homonymes, parce que Démétrius avait composé un ouvrage sur les écrivains qui avaient porté le même nom. Il paraît pourtant aussi qu’il en avait fait un autre sur les mots qui ont le même sens.