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inscription : Cornélie, mère des Gracques. On cite plusieurs mots remarquables de Caïus, dits publiquement et avec emphase, au sujet de sa mère à un de ses ennemis, comme ceux-ci : « Oses-tu bien médire de Cornélie, la mère de Tibérius ? » Et, comme le calomniateur était décrié pour un vice infâme : « Sur quel fondement, lui dit-il, as-tu l’audace de te comparer à Cornélie ? As-tu enfanté comme elle ? et pourtant il n’est pas un Romain qui ne sache qu’elle, qui est femme, a été plus longtemps sans mari que toi qui es homme. » Tel était le sel piquant de ses discours ; et l’on pourrait extraire de ses écrits plusieurs traits du même genre.

Parmi les lois qu’il proposa depuis, pour augmenter la puissance du peuple et affaiblir celle du Sénat, l’une avait pour objet l’établissement de colonies, et ordonnait la distribution des terres domaniales aux citoyens pauvres qu’on y enverrait. La seconde était en faveur des soldats : elle portait qu’ils seraient habillés aux dépens du trésor public, sans que pour cela leur solde fût diminuée, et qu’on n’enrôlerait aucun citoyen qui n’eût dix-sept ans accomplis. La troisième regardait les alliés : elle donnait à tous les peuples d’Italie le droit de suffrage, tel que l’avaient les citoyens romains. La quatrième fixait à un bas prix le blé qu’on distribuerait aux pauvres. Une cinquième enfin, relative aux tribunaux, retranchait une grande partie de l’autorité qu’y avaient les sénateurs, jusqu’alors les seuls juges de tous les procès, ce qui les rendait redoutables au peuple et aux chevaliers. Caïus ajoutait aux trois cents sénateurs qui occupaient alors les tribunaux un nombre égal de chevaliers romains, et attribuait indistinctement à ces six cents juges la connaissance de toutes les causes. En proposant cette loi, il eut soin d’observer toutes les formalités nécessaires ; mais, à l’opposé des autres orateurs, qui, jusque-là, lorsqu’ils parlaient au peuple, se tournaient vers le Sénat et vers le