Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 4.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le sujet d’une contestation entre les Spartiates et les Mégalopolitains. Cléomène s’en rendit maître, et la fortifia. Aratus, sans en porter aucune plainte, décampa dans la nuit, pour aller attaquer les Tégéates et les Orchoméniens ; mais les traîtres avec lesquels il était d’intelligence manquèrent de courage au moment décisif ; et Aratus battit en retraite, persuadé qu’il avait dérobé sa marche aux ennemis. Mais Cléomène lui écrivit une lettre ironique, par laquelle il lui demandait, comme il eût pu faire à un ami, où il avait mené ses troupes la nuit dernière. Aratus répondit qu’ayant appris que Cléomène s’apprêtait à fortifier Belbine, il était descendu pour s’y opposer. « Je ne doute pas, lui écrivit de nouveau Cléomène, de la vérité de ce que tu me dis ; mais, si ma question n’est pas indiscrète, fais-moi le plaisir de me dire pourquoi cette quantité de flambeaux et d’échelles qui te suivaient. » Aratus ne put s’empêcher de rire de cette plaisanterie, et demanda ce que c’était que ce jeune homme. Alors Démocrates, Lacédémonien exilé : « Si tu veux, dit-il, entreprendre quelque chose contre les Lacédémoniens, hâte-toi, le temps presse, avant que les ergots n’aient poussé à ce jeune coq. »

Peu de temps après, Cléomène étant campé dans l’Arcadie avec un corps peu nombreux de cavalerie et trois cents hommes de pied, les éphores, qui craignaient la guerre, lui firent porter l’ordre de se retirer. Mais, à peine se fut-il éloigné, qu’Aratus se rendit maître de Caphyes[1]. Alors les éphores lui envoyèrent l’ordre de retourner sur ses pas : il s’empara de Méthydrium[2] et courut toute l’Argolide. Les Achéens, qui s’étaient mis en marche avec vingt mille hommes de pied et mille chevaux, sous la conduite d’Aristomachus, le rencon-

  1. Dans l’Arcadie, près d’Orchomène du Péloponnèse.
  2. Une des villes dont la réunion formait la cité de Mégalopole.