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fut le seul qui fut tué, avant l’époque de Philippe, percé d’un coup de javeline, à la bataille de Leuctres. Il est vrai que les Messéniens prétendent que Théopompe fut tué par Aristomène ; mais les Lacédémoniens le nient, et soutiennent qu’il fut seulement blessé : les sentiments sont partagés à ce sujet. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’Agis fut le premier des rois de Sparte que les éphores firent mourir, et cela pour avoir formé une entreprise non moins grande en soi que convenable à la dignité de Sparte, à un âge surtout où les fautes mêmes que l’on commet sont facilement pardonnées. Encore Agis donna-t-il moins de sujet de plainte à ses ennemis qu’à ses amis eux-mêmes, en ce qu’il laissa vivre Léonidas, et eut dans les autres une confiance qui le trompa, lui le plus vertueux et le plus doux des hommes.

CLÉOMÈNE.


(De l’an 255 environ à l’an 219 avant J.-C)

Après la mort d’Agis, Léonidas ne fut pas assez habile pour surprendre Archidamus, frère du roi, qui le prévint et prit la fuite ; mais il arracha de la maison d’Agis Agiatis, sa femme, avec un jeune enfant dont elle était nouvellement accouchée, et la contraignit d’épouser son fils Cléomène, qui n’était pas encore nubile, de peur qu’elle ne fût mariée à un autre ; car, outre qu’elle surpassait en beauté, en grâce et en sagesse toutes les femmes de la Grèce, elle avait hérité une fortune immense de Gylippe, son père. Agiatis mit tout en œuvre pour n’être point forcée à ce mariage ; mais ses prières furent inutiles, et elle dut céder. Unie à Cléomène, elle conserva pour