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Toutefois je ferai ce qu’Aratus jugera à propos ; car, outre qu’il a sur moi la supériorité de l’âge, il est général des Achéens, et je suis venu, non pour commander les Achéens, mais pour les secourir en partageant leurs dangers. » Baton de Sinope[1] prétend qu’Agis refusa de combattre, quoique Aratus le voulût. Mais cet écrivain n’a sans doute pas lu ce qu’Aratus lui-même a écrit dans ses Mémoires pour se justifier sur ce sujet même : il dit que, comme les laboureurs avaient déjà recueilli et serré tous leurs grains, il aima mieux laisser les ennemis entrer dans Péloponnèse, que de tout mettre au hasard d’une bataille. Aratus donc prit la résolution de ne pas combattre ; puis il congédia ses alliés, après leur avoir donné les éloges dus à leur mérite.

Agis se retira, emportant l’estime et l’admiration générale. Il trouva Sparte dans le trouble et le désordre d’une nouvelle révolution. Agésilas, qui était éphore, se voyant délivré de la crainte qui le rendait auparavant si humble, osa tout, et ne s’abstint d’aucun crime capable de lui procurer de l’argent. Il ajouta un treizième mois à l’année, quoique la période des temps ne l’exigeât point, et que ce fût contre l’ordre des révolutions célestes : c’était pour foire payer les impôts à raison de treize mois. Mais ensuite, effrayé du ressentiment de ceux que blessait cette injustice, et de la haine générale dont il était l’objet, il se détermina à prendre des satellites, qui l’escortaient quand il allait au Sénat. Il n’avait pour l’un des deux rois[2] que du mépris ; quant à l’autre[3], il voulait faire croire que, s’il conservait encore envers lui quelques égards, c’était moins pour sa dignité

  1. On ignore en quel temps cet historien a vécu. Il avait composé une histoire de Perse, et probablement aussi une histoire de la Grèce sous les successeurs d’Alexandre.
  2. Cléombrotus.
  3. Agis.