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gète[1], et jusqu’à Malée[2] et à Sellasie[3], lesquelles terres seraient divisées en quatre mille cinq cents parts ; que, de celles qui étaient au delà de ces limites, on ferait quinze mille portions, qu’on distribuerait aux Lacédémoniens du voisinage qui seraient en état de porter les armes, et que celles qui se trouvaient placées en deçà formeraient le partage des Spartiates naturels, dont le nombre serait rempli par les voisins et les étrangers qui auraient reçu une éducation honnête, qui seraient bien conformés de leurs personnes, et à la fleur de l’âge ; qu’on distribuerait les citoyens en quinze tables, dont les unes seraient de quatre cents, les autres de deux cents convives, et qu’ils observeraient la même discipline que les anciens Spartiates. Cette ordonnance avait été rédigée par écrit ; mais, comme les sénateurs étaient partagés sur son acceptation, Lysandre convoqua l’assemblée du peuple : il y parla avec beaucoup de force, pendant que, de leur côté, Mandroclidas et Agésilas conjuraient leurs concitoyens de ne pas souffrir qu’un petit nombre d’hommes, dont le luxe insultait à leur misère, foulassent aux pieds la dignité de Sparte. Ils leur rappelaient d’anciens oracles, qui avertissaient les Spartiates de se garder de l’avarice, comme d’un fléau qui causerait leur ruine[4] ; ils en citaient d’autres rendus naguère par la déesse Pasiphaé, laquelle avait à Thalamies un temple et un oracle singulièrement révérés. Quelques auteurs prétendent que Pasiphaé fut une des Atlantides, et qu’elle eut de Jupiter un fils appelé Ammon. Selon d’autres, c’était la même que Cassandre, fille de Priam, laquelle mourut à

  1. Montagne de la Laconie.
  2. Promontoire au sud de la Laconie.
  3. Sur la rivière d’Énus, à l’orient de Lacédémone.
  4. Allusion à un oracle d’Apollon, qui était ainsi conçu :

    L’amour des richesses, et rien autre chose, fera périr Sparte.