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fils Hippomédon, lequel s’était acquis une grande réputation dans les armées, et avait beaucoup de crédit, à cause de l’affection que lui portaient les jeunes gens. Mais le véritable motif d’Agésilas pour entrer dans les vues d’Agis, ce fut l’espoir que le changement projeté dans le gouvernement le déchargerait des dettes immenses qu’il avait contractées.

Dès qu’Agis l’eut attiré à son parti, il tâcha, par son moyen, de gagner sa mère, qui était sœur d’Agésilas : cette femme, par le grand nombre de ses clients, de ses amis et de ses débiteurs, jouissait dans la ville d’une autorité considérable, et d’une grande influence sur les affaires. Son premier sentiment, en apprenant ce qui se préparait, fut une sorte d’effroi : elle s’efforça de détourner le jeune homme d’un tel dessein ; cette réforme n’était, selon elle, ni possible ni utile. Mais Agésilas commença par lui montrer toute la justice de l’entreprise, et les heureux fruits qui résulteraient de l’accomplissement ; puis, ce fut le tour du roi lui-même. Agis la conjura de sacrifier ses trésors à la gloire et aux nobles desseins de son fils. « Jamais, lui dit-il, mes richesses ne pourront égaler celles des autres rois. Les domestiques mêmes des satrapes, les esclaves des intendants de Ptolémée et de Séleucus possèdent plus de biens que n’en eurent tous les rois de Sparte ensemble. Si je m’élève, par ma tempérance, ma frugalité et ma grandeur d’âme à une hauteur que n’atteint pas leur opulence, si je rétablis parmi mes concitoyens l’égalité et la communauté des biens, j’obtiendrai, à juste titre, le renom et la gloire d’un grand roi. » Sa mère et les femmes qui l’entouraient se laissèrent entraîner par ses discours ; et l’ambition du jeune homme passa dans leurs âmes. Enflammées d’une vive ardeur pour la vertu, elles pressent Agis de hâter l’exécution de son projet ; elles appellent leurs amis, et les