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robe : marques de respect qu’on ne le voyait pas souvent donner à d’autres, quoiqu’il eût autour de lui une foule d’officiers distingués.

Pompée ne s’enfla point de ces honneurs ; et, quand Sylla l’envoya dans la Gaule, où Métellus commandait et ne faisait rien qui répondît, pensait-on, aux ressources dont il disposait, il représenta aussitôt qu’il ne serait pas honnête d’enlever le commandement de l’armée à un général plus âgé, et qui jouissait d’une grande réputation ; mais que, si Métellus y consentait et qu’il l’engageât de lui-même à venir l’aider dans cette guerre, il était tout prêt à l’aller joindre. Métellus accepta cette offre, et lui écrivit de venir. Pompée entra donc dans la Gaule : il y fit personnellement des exploits merveilleux ; et il ranima, il réchauffa l’ardeur guerrière et l’audace de Métellus, que la vieillesse avait presque éteintes : ainsi le fer embrasé et en fusion, si on le verse sur le fer dur et froid, l’amollit et le fond plus vite, dit-on, que ne ferait le feu même.

Lorsqu’un athlète est devenu le premier entre ses rivaux, et qu’il s’est couvert de gloire dans tous les combats, on ne parle pas des victoires de son enfance, on ne les inscrit pas dans les fastes publics ; de même j’ai craint de toucher aux exploits que fit alors Pompée, quelque admirables qu’ils soient en eux-mêmes, parce qu’ils sont ensevelis sous le nombre et la grandeur de ses derniers combats et de ses dernières guerres ; je n’ai pas voulu, en m’arrêtant trop sur ses commencements, m’exposer à passer légèrement sur ses plus beaux faits d’armes, et sur les événements qui font le mieux connaître le caractère et les mœurs de ce grand personnage.

Sylla, devenu maître de l’Italie et déclaré dictateur, récompensa ses autres capitaines et lieutenants par des richesses, des dignités, des grâces de toute sorte, ac-