Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 3.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
CIMON.

Lacédémoniens : de ses deux fils jumeaux, il nomma l’un Lacédémonius et l’autre Éléus. Il les avait eus, suivant Stésimbrote, d’une femme de Clitore[1] : aussi Périclès leur reprocha-t-il souvent leur origine maternelle. Mais Diodore le Périégète dit que ces deux fils de Cimon, ainsi que le troisième, nommé Thessalus, eurent pour mère Isodicé, fille d’Euryptolème, fille de Mégaclès[2].

Du reste, c’est par la faveur des Lacédémoniens que son crédit s’était accru dans Athènes. Les Lacédémoniens, ennemis déclarés de Thémistocle dès cette époque, préféraient voir aux mains de Cimon, tout jeune qu’il fût encore, le pouvoir et l’autorité. Les Athéniens furent charmés d’abord de cette bienveillance que les Spartiates portaient à Cimon ; car ils en tiraient eux-mêmes de grands avantages. Dans les premiers progrès de leur puissance, quand ils commençaient à se mêler des affaires des alliés, ils n’étaient pas fâchés de la considération et du crédit dont jouissait Cimon. C’était lui qui décidait presque toutes les affaires de la Grèce, par la douceur avec laquelle il traitait les alliés, et appuyé de l’amitié des Lacédémoniens. Mais quand les Athéniens furent devenus plus puissants, cet attachement extrême de Cimon pour les Spartiates leur déplut. Il ne manquait pas une occasion de vanter Lacédémone devant les Athéniens, surtout quand il leur faisait des reproches, ou qu’il voulait les piquer. Son mot habituel était, suivant Stésimbrote : « Mais ce n’est pas ainsi que font les Lacédémoniens. » Il s’attira de la sorte l’envie et la malveillance de ses concitoyens.

  1. Clitore était une ville d’Arcadie. D’après la loi d’Athènes, les fils de Cimon, nés d’une femme étrangère, devaient être considérés comme des bâtards de la cité.
  2. D’après cette version, les fils de Cimon étaient légitimes citoyens car Mégaclès était d’Athènes.