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sénateur qui se conduit mal, et y faire entrer ceux qu’ils jugent les plus gens de bien ; ils peuvent noter d’infamie les jeunes hommes débauchés en leur ôtant leur cheval. Ce sont eux encore qui font l’estimation des biens des particuliers et les dénombrements. Sous la censure de Paul Émile, le nombre des citoyens inscrits fut de trois cent trente-sept mille quatre cent cinquante-deux. Il nomma prince du Sénat Émilius Lépidus, honoré déjà quatre fois de cette préséance. Il dégrada trois sénateurs, mais qui n’étaient pas des plus considérables, et se montra, ainsi que Marcius Philippe, son collègue, très-modéré dans l’examen de l’ordre équestre.

Il avait terminé à peu près toutes les plus importantes affaires de sa charge quand il fut attaqué d’une maladie d’abord très-dangereuse, mais qui s’adoucit ensuite et menaça seulement d’être rebelle et longue. Il s’embarqua, par le conseil des médecins, pour Élée, ville d’Italie, où il demeura longtemps dans une solitaire et paisible campagne sur le bord de la mer. Les Romains regrettèrent son absence ; et, plus d’une fois, dans les théâtres, ils témoignèrent par des cris leur désir extrême de le revoir. À la fin, obligé d’assister à un sacrifice solennel, croyant d’ailleurs sa santé assez bien rétablie, il revint à Rome, et fit le sacrifice avec les autres prêtres, entouré d’une foule immense et pleine d’allégresse. Le lendemain, il offrit aux dieux un autre sacrifice, pour les remercier de sa guérison ; après quoi il rentra chez lui et se coucha. Mais tout à coup, avant qu’il pût s’apercevoir d’aucune altération dans sa santé, il perdit connaissance, et tomba dans le délire. Trois jours après il était mort.

Paul Émile avait réuni dans sa personne tous les biens et tous les avantages qu’on regarde comme les sources du bonheur de la vie. Ses funérailles se firent avec une magnificence admirable ; et on y décora sa vertu des