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portèrent une si grande quantité d’aromates, qu’outre ceux qui étaient contenus dans deux cent dix corbeilles, on fit, avec de l’encens d’un grand prix et du cinnamome, une statue de Sylla de taille majestueuse, et une autre d’un licteur portant les faisceaux. Le matin du jour des funérailles le temps était fort nébuleux, et faisait craindre de l’eau ; on attendit jusqu’à la neuvième heure pour enlever le corps : il ne fut pas plutôt sur le bûcher, qu’il s’éleva un grand vent, qui excita rapidement la flamme ; et tout le corps fut consumé avant qu’il tombât une goutte de pluie ; mais, à peine le bûcher commençait-il à s’affaisser et le feu à s’amortir, qu’il tomba une pluie abondante qui dura jusqu’à la nuit. De sorte que la Fortune, pour accompagner Sylla jusqu’au bout, sembla aider à ses obsèques. Son tombeau est dans le Champ-de-Mars ; et l’on assure qu’il avait composé lui-même l’épitaphe qu’on y voit, et dont le sens est, en somme, que personne n’avait jamais fait ni plus de bien que lui à ses amis, ni plus de mal à ses ennemis.