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Cependant les Romains recevaient chaque jour de Lébadée et de Trophonius des bruits favorables, et des oracles qui leur annonçaient la victoire. Les habitants du lieu en font mille récits ; mais Sylla, dans le dixième livre de ses Mémoires, dit seulement qu’après qu’il eut gagné la bataille de Chéronée, Quintus Titius, un des négociants les plus considérables de la Grèce, vint le trouver, et lui annonça que Trophonius lui promettait dans peu de jours, et au même endroit, une seconde bataille et une seconde victoire. Il ajoute qu’après celui-là, un soldat légionnaire, nommé Salvénius, lui prédit, de la part du dieu, le succès qu’auraient ses affaires d’Italie. Tous les deux racontaient de la même manière l’apparition divine : ils assuraient avoir vu une figure d’une grandeur et d’une beauté pareilles à celles de Jupiter Olympien. Sylla donc traversa l’Assus, s’avança jusqu’au mont Édylium, et campa près d’Archélaüs. Celui-ci avait assis et fortifié son camp entre cette montagne et celle d’Acontium, près de ce qu’on appelle les Assies[1] : l’endroit où il avait dressé ses tentes porte encore aujourd’hui le nom d’Archélaüs. Sylla y passa le jour entier ; après quoi, laissant Muréna avec une légion et deux cohortes, pour harceler l’ennemi qui était en désordre, il alla lui-même offrir un sacrifice sur les bords du Céphise. Le sacrifice achevé, il se rendit à Chéronée, pour prendre les troupes qu’il y avait laissées, et en même temps pour faire la reconnaissance d’un lieu nommé Thurium, que les ennemis avaient précédemment occupé. C’est une montagne très-roide, qui se termine en cône, et à laquelle nous donnons le nom d’Orthopagus[2]. Au pied de la montagne coule le Morius, et se trouve le temple d’Apollon Thurien. Le dieu a pris ce

  1. On ne sait pas ce que c’était que les Assies.
  2. C’est-à-dire mont escarpé.