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bares en faisant prendre un autre chemin à Hortensius : il le mena par le mont Parnasse au-dessous de Tithora[1], qui n’était pas encore une ville aussi considérable qu’elle l’est aujourd’hui, mais un simple fort assis sur une roche escarpée de tous côtés, où les Phocéens s’étaient réfugiés jadis pour échapper à l’invasion de Xerxès, et où ils s’étaient retranchés. Hortensius campa au pied de la forteresse, et passa le jour à repousser les ennemis ; puis, quand la nuit fut venue, il descendit vers Patronis[2], par des chemins difficiles, et y joignit Sylla, qui était venu au-devant de lui avec son armée. Après qu’ils eurent opéré leur jonction, ils s’établirent au milieu de la plaine d’Élatée[3], sur une colline fertile, couverte d’arbres, et dont le pied est baigné par un ruisseau ; elle s’appelle Philobéote[4] : Sylla en vante merveilleusement l’assiette et la nature.

Dès qu’ils eurent dressé leur camp, il fut aisé aux ennemis de reconnaître leur petit nombre ; car ils n’avaient que quinze cents chevaux, et un peu moins de quinze mille hommes de pied : aussi les autres généraux, faisant une sorte de violence à Archélaüs, mirent-ils bien vite leurs troupes en bataille, et remplirent la plaine de chevaux, de chars, de ronds ou longs boucliers. L’air ne suffisait pas à contenir les clameurs et les hurlements de tant de nations diverses qui prenaient chacune son poste. D’ailleurs il y avait, jusque dans la magnificence et le luxe de leur équipage, de quoi ajouter à l’effet que produisait cet immense multitude. L’éclat étincelant de leurs armes enrichies d’or et d’argent, les couleurs brillantes de leurs

  1. Ville de la Phocide, sur le Parnasse, à quatre lieues de Delphes.
  2. On ignore où était située précisément Patronis.
  3. Au-dessus du Céphise.
  4. Ce nom signifie qui aime les Béotiens.