Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/499

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

y trouva le livre qui contenait le discours sur la nécessité d’enlever la royauté aux Eurytionides et aux Agiades, et d’étendre le droit de régner à tous les Spartiates, en choisissant les rois parmi les plus vertueux. Agésilas courut sur-le-champ communiquer ce discours au peuple pour faire voir quel homme au fond avait été Lysandre, et combien on l’avait mal connu. Mais Lacratidas, homme de sens, et qui était alors président des éphores, le retint en lui disant qu’au lieu de déterrer Lysandre, il valait mieux enterrer avec lui un discours écrit avec tant d’art, et trop capable de persuader.

On ne laissa pas néanmoins de décerner à Lysandre les plus grands honneurs, sans compter que ceux qui avaient recherché ses filles en mariage, et qui ensuite s’étaient refusés à les épouser après la mort de Lysandre, parce qu’ils avaient connu alors sa pauvreté, furent condamnés à l’amende, comme lui ayant fait leur cour sur l’opinion qu’ils avaient de sa richesse, et l’ayant dédaigné dans le temps que sa pauvreté manifestait à leurs yeux sa justice et sa vertu. On voit par là qu’il y avait à Sparte des peines établies et contre ceux qui ne se mariaient point, et contre ceux qui se mariaient trop tard, et contre ceux qui faisaient des mariages mal assortis. Cette dernière peine tombait principalement sur les citoyens qui, au lieu de rechercher l’alliance des gens de bien et de leurs proches, recherchaient celle des riches.

Voilà ce que nous avons trouvé dans les auteurs touchant la vie de Lysandre.