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pouvait l’enlever aisément sans une trêve, eût-on menu ; vaincu les ennemis. Il envoya donc un héraut aux Thébains, qui accordèrent la trêve ; puis il se retira avec son armée. Dès que les Spartiates eurent passé les montagnes de la Béotie, ils enterrèrent Lysandre dans le pays des Panopéens, amis et alliés de Sparte : on y voit encore son tombeau le long du chemin qui mène de Delphes à Chéronée.

L’armée avait pris ses quartiers en ce lieu ; et un jour, à ce que l’on raconte, un Phocéen, faisant le récit de la bataille à un autre soldat qui ne s’y était pas trouvé, lui dit que les ennemis les avaient attaqués au moment où Lysandre venait de passer l’Hoplite. Cet homme en ayant paru étonné, un Spartiate, ami de Lysandre, demanda ce que c’était que l’Hoplite : « Ce nom, dit-il, m’est inconnu. — C’est, répondit le Phocéen, l’endroit où les ennemis ont renversé nos bataillons les plus avancés ; l’Hoplite est le ruisseau qui baigne les murs d’Haliarte. » À ces mots, le Spartiate fondit en larmes : « Hélas ! s’écria-t-il, l’homme ne peut donc fuir sa destinée ! » C’est qu’il avait été rendu à Lysandre un oracle conçu en ces termes :

Je t’engage à le garder du retentissant Hoplite,
Et du dragon, fils de la Terre, qui suit traîtreusement.


D’autres prétendent que l’Hoplite n’est pas le ruisseau qui coule près d’Haliarte, mais un torrent voisin de Coronée, et qui se jette, près de cette ville, dans le Phliarus : on l’appelait anciennement Hoplia, et aujourd’hui on l’appelle Isomantus. D’ailleurs celui qui avait tué Lysandre était un soldat d’Haliarte, nommé Néochorus, qui portait sur son bouclier un dragon pour enseigne ; et c’est là, supposait-on, ce que disait l’oracle.

Les Thébains aussi, dit-on, vers le temps de la guerre