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Les Thébains qui étaient dans la ville s’étant rangés en bataille, se tinrent tranquilles jusqu’au moment où ils virent Lysandre, avec ses premiers bataillons, s’approcher des murailles. Alors ils ouvrent les portes, et tombent brusquement sur lui : il fut tué avec le devin qui l’accompagnait et quelques-uns des siens ; le reste se replia promptement vers le gros de l’armée. Les Thébains ne les laissèrent pas respirer ; ils poussèrent avec ardeur leur attaque, et obligèrent toute l’armée de fuir à travers les montagnes. Il y en eut environ mille de tués ; il périt trois cents hommes du côté des Thébains, pour s’être engagés, en chargeant les ennemis, dans des lieux difficiles et escarpés. C’étaient précisément ceux qu’on accusait de connivence avec les Lacédémoniens : pour se laver de ce soupçon auprès de leurs concitoyens, ils se ménagèrent trop peu dans la poursuite des fuyards, et y perdirent sans fruit la vie.

Pausanias était sur le chemin de Platée à Thespies, lorsqu’il apprit la défaite : il met son armée en bataille, et, marchant droit à Haliarte, il arrive devant la ville en même temps que Thrasybule, qui venait de Thèbes, à la tête des Athéniens. Pausanias proposa de demander une trêve aux ennemis pour enlever les morts ; mais les plus âgés des Spartiates s’indignèrent de cette proposition, et allèrent trouver le roi, protestant qu’ils refusaient d’enlever Lysandre au prix d’une trêve : « Il faut aller, disaient-ils, combattre les armes à la main pour conquérir son corps, et l’enterrer après la victoire ; si nous sommes vaincus, il nous sera glorieux du moins d’être étendus sur le champ de bataille avec notre général. »

Les représentations des vieillards n’ébranlèrent point Pausanias : il sentait la difficulté de battre les Thébains après une victoire si récente ; d’ailleurs le corps de Lysandre était tombé près des murs de la ville, et on ne