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seau de Lysandre, les deux étoiles des Dioscures[1]. D’autres prétendent aussi que la chute de la pierre fut un présage du désastre des Athéniens ; car c’est une opinion générale qu’il tomba du ciel, sur la côte d’Égos-Potamos, une grossi » pierre qu’on montre encore aujourd’hui, et qui est pour les habitants de la Chersonèse un objet de vénération. On dit même qu’Anaxagore avait prédit qu’un des corps attachés à la voûte céleste en serait un jour arraché par un fort ébranlement et une violente secousse, et touillerait sur la terre. Aucun des astres, selon lui, n’occupe plus aujourd’hui la place où il était fixé à l’origine ; car ils sont d’une substance pierreuse et pesante, et ne brillent que par la réflexion et la réfraction de l’éther : entraînés vers les régions supérieures de l’univers par la révolution rapide du ciel, lors de la formation du monde, la violence du tourbillon, qui fit la séparation des corps froids et pesants avec les autres substances, les empêcha de retomber sur la terre, et les retient encore au-dessus de nos têtes.

Mais une opinion plus vraisemblable, alléguée par quelques-uns, c’est que les étoiles filantes ne sont ni des fusions ni des émanations du feu éthéré, qui s’éteignent dans les airs au même moment qu’elles s’y enflamment ; moins encore un embrasement de l’air, qui, condensé en trop grande masse, s’échappe vers les régions supérieures et s’y enflamme : ce sont de vrais corps célestes, qui se détachent par l’effet des secousses que leur font éprouver ou une diminution de vitesse dans la révolution de l’univers, ou quelque autre mouvement extraordinaire, et tombent sur la terre, non dans les lieux habités, mais le plus souvent dans la grande mer océane, où ils disparaissent, par conséquent, à nos yeux.

Cependant l’opinion d’Anaxagore est appuyée par Da-

  1. Castor et Pollux.