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Plusieurs lui conseillaient d’appeler aux armes les esclaves, en leur promettant la liberté : il répondit qu’il ne donnerait aux esclaves aucun droit dans cette patrie dont il repoussait Caïus Marius pour le maintien des lois. Sur ces entrefaites arrive à Rome Métellus, fils de Métellus, celui qui avait commandé en Afrique, et que Marius avait fait exiler. Les soldats, qui le croyaient meilleur général qu’Octavius, abandonnent celui-ci et s’en vont trouver Métellus, le priant de se mettre à leur tête et de sauver la ville, et disant qu’ils sauraient bien se battre et vaincre, s’ils avaient un général habile et entreprenant. Comme Métellus indigné les engageait à s’adresser au consul, ils s’en allèrent se joindre aux ennemis. Métellus lui-même s’éloigna, désespérant de la ville. Pour Octavius, il resta dans Rome, retenu par des Chaldéens, des aruspices et des prêtres sibyllins, qui l’assuraient que tout irait bien. Cet homme, doué d’ailleurs d’un sens droit, autant que pas un Romain, et qui maintenait l’autorité consulaire supérieure aux flatteries, ce fidèle observateur des coutumes et des lois anciennes, qui s’y tenait attaché comme à des formules immuables, montrait, ce me semble, une certaine faiblesse d’esprit, en ce qu’il fréquentait plus la société des devins et pronostiqueurs que celle des gens habiles dans la guerre et des hommes d’État. Marius, avant d’entrer dans la ville, envoya des hommes l’arracher de la tribune et l’égorger ; et l’on dit qu’après sa mort, on trouva dans son sein un horoscope dressé par des Chaldéens. Quelle différence dans la destinée de deux hommes, tous deux généraux distingués ! l’un, Marius, doit son salut à son respect pour la divination ; l’autre, Octavius, trouve dans le même sentiment sa perte.

Les choses étant dans cet état, le Sénat s’assembla, et envoya des députés vers Cinna et Marius, les priant d’entrer et d’épargner les citoyens. Cinna, en qualité de