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soldats et les saluaient ; et si, en sortant du camp, on les voyait paraître, tous s’en réjouissaient comme d’un augure favorable.

Il apparut plusieurs signes avant la bataille, qui presque tous présentaient des caractères ordinaires. Mais on apprit d’Améria et de Tudertum[1], deux villes d’Italie, que, pendant la nuit, on avait vu au ciel des lances enflammées et des boucliers qui s’étaient d’abord partagés en deux bandes, et qui ensuite étaient tombés les uns sur les autres, offrant l’image et les mouvements de deux armées qui combattent ; et qu’à la fin, les uns avaient cédé, les autres les avaient poursuivis, et que tous s’étaient précipités vers le couchant. Vers le même temps arriva de Pessinunte[2] Batabacès, le prêtre de la Grande Mère[3], annonçant que la déesse lui avait parlé du fond de son sanctuaire, et qu’elle promettait aux Romains la victoire et une grande puissance guerrière. Le Sénat ajouta foi à son récit, et décréta qu’un temple serait élevé à la déesse en reconnaissance de la victoire. Batabacès se présenta au peuple, et voulut lui faire le même récit ; le tribun Aulus Pompéius s’y opposa, en l’appelant charlatan, et il le chassa outrageusement de la tribune. Mais ce fut là précisément ce qui fit le plus ajouter foi aux paroles de cet homme ; car, lorsque l’assemblée eut été congédiée, Aulus ne fut pas plutôt de retour chez lui qu’il fut saisi d’une fièvre dévorante, dont il mourut le septième jour : événement qui fut connu de tous, et dont la nouvelle courut par toute la ville.

Cependant les Teutons, qui voyaient que Marius restait dans l’inaction, entreprirent de lui donner assaut dans son camp ; mais, reçus à coups de traits du haut des

  1. Ces deux villes étaient dans l’Ombrie.
  2. Ville de Phrygie.
  3. C’était le nom qu’on donnait à Cybèle.