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tants. En outre Cléonyme, déjà vieux, avait épousé une femme belle et de sang royal, Chélidonis, fille de Léotychide. Celle-ci conçut une passion extrême pour Acrotatus, fils d’Aréus, qui était dans tout l’éclat de la jeunesse et de la beauté ; et ce mariage n’apporta que désagrément et déshonneur à Cléonyme, qui aimait éperdument sa femme ; car personne n’ignorait dans Sparte le mépris qu’elle faisait de lui. Les chagrins domestiques s’étant donc ajoutés à ses chagrins politiques, il s’en alla, de dépit et par ressentiment, attirer Pyrrhus sur Sparte. Celui-ci partit à la tête de vingt-cinq mille hommes d’infanterie, deux mille chevaux et vingt-quatre éléphants. La grandeur de ses préparatifs fit bientôt connaître clairement que son but n’était pas de conquérir Sparte pour Cléonyme, mais bien le Péloponnèse pour lui-même. Il est vrai qu’il le nia aux ambassadeurs lacédémoniens qui vinrent le trouver à Mégalopolis ; car il leur disait qu’il était venu pour délivrer les villes qui étaient encore sous la dépendance d’Antigonus ; il prenait Jupiter à témoin qu’il avait dessein d’envoyer ses plus jeunes fils à Sparte, si rien ne s’y opposait, pour qu’ils y fussent élevés à la manière lacédémonienne, afin qu’ils eussent encore cet avantage sur tous les rois. Mais tout cela n’était que feintes ; et il s’avançait leurrant toujours de belles paroles tous ceux qu’il rencontrait sur sa route. Puis, à peine eut-il mis le pied sur la terre de Laconie, qu’il la livra au pillage et à la devastation. Et comme des députés vinrent se plaindre que sans aucune déclaration il leur eût apporte la guerre : « Mais vous-mêmes, Spartiates, nous savons bien que vous n’envoyez pas non plus prévenir les autres de ce que vous avez envie de faire. » Un de ceux qui étaient présents, nommé Mandricidas, répliqua en langue laconienne : « Si tu es dieu, tu ne nous feras point de mal, car nous ne t’avons pas fait tort ; et si tu es homme, il s’en trouvera un autre plus