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seulement quelques jours ensemble, animés d’une défiance mutuelle, ils épièrent tous deux les moyens de se surprendre ; et Démétrius, ayant trouvé une occasion favorable, prévint le jeune homme, le tua et se fit proclamer roi de Macédoine. Or, il y avait eu déjà quelques sujets de mésintelligence entre Pyrrhus et lui, à savoir, les courses que Pyrrhus avait faites en Thessalie, et cette maladie innée chez tout ce qui a puissance, le désir de toujours acquérir : aussi leur voisinage leur était-il devenu un motif de crainte et de défiance réciproque, surtout depuis la mort de Déidamie. Mais, lorsqu’ils occupèrent chacun une partie de la Macédoine, et qu’ils se furent abattus sur le même point, alors il y eut de plus grandes causes de mésintelligence. Démétrius envahit l’Étolie, et s’en empara ; et, y laissant Pantauchus avec un corps d’armée considérable, il se porta en personne contre Pyrrhus, qui, à cette nouvelle, se mit en marche à son tour. Tous les deux firent fausse route, et se manquèrent. Alors Démétrius se jeta dans Épire, qu’il mit au pillage ; Pyrrhus, de son côté, tomba sur Pantauchus, et lui livra bataille. Les deux armées en vinrent aux mains avec beaucoup de chaleur et de vivacité, mais les deux chefs surtout. Pantauchus était sans contredit le plus brave, le plus adroit et le plus vigoureusement constitué de tous les officiers de Démétrius ; aussi, plein de confiance dans sa force et dans son courage, il appelait Pyrrhus à un combat singulier. Pyrrhus, qui ne le cédait à aucun roi ni en force ni en bravoure, et qui se prétendait héritier de la gloire d’Achille par sa valeur propre plus que par sa naissance, s’avança à travers les premiers rangs au-devant de Pantauchus. Ils combattirent d’abord avec la lance ; puis, mettant l’épée à la main, ils déployèrent en même temps leur vigueur et leur adresse. Pyrrhus, blessé le premier, porta deux coups à son adversaire, l’un à la cuisse, l’autre au cou, et, pendant qu’il tournait la tête,