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Par exemple : « Le peuple a dédié le gymnase à Titus et à Hercule. » Et ailleurs : « Le peuple a dédié le Delphinium à Titus et à Apollon. » Encore de notre temps ils élisent un prêtre de Titus ; et, dans les sacrifices institués en son honneur, après les libations on chante un péan à sa louange. Il serait trop long de l’insérer ici tout entier ; j’en rapporterai seulement la fin :

« Nous honorons cette loi inaltérable et pure qui garantit les serments faits par des Romains. Chantez, jeunes filles, le grand Jupiter, et Rome et Titus avec lui, et la foi des Romains. Io péan ! ô Titus, notre sauveur ! »

Les autres peuples de la Grèce lui rendirent aussi les honneurs qu’il avait si bien mérités : honneurs vrais et sincères dictés par cette affection vive qu’inspirait la douceur de ses mœurs. Quoiqu’il eût eu des démêlés avec quelques personnes, soit pour les affaires publiques, soit pour des rivalités d’ambition, comme avec Philopœmen et ensuite avec Diophanès, général des Achéens, il n’était pas vindicatif, et son emportement n’allait jamais jusqu’aux effets ; il l’exhalait dans ces discours pleins de franchise que permettent les discussions politiques. Jamais il ne montrait la moindre amertume dans la dispute ; mais la plupart le trouvaient un peu prompt et léger de caractère. C’était, du reste, l’homme le plus doux dans le commerce de la vie ; et sa conversation était pleine de sel et d’agrément. Ainsi, les Achéens voulant se rendre maîtres de l’île de Zacynthe[1], il dit, pour les en détourner, que s’ils mettaient la tête hors du Péloponnèse, ils courraient le même danger que les tortues qui mettent la tête hors de leur écaille. La première fois qu’il entra en conférence avec Philippe pour traiter de la paix : « Tu as amené bien du monde avec toi, dit

  1. Île de la mer Ionienne qui se nomme aujourd’hui Zante.