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est postérieur de bien des années à l’autre événement[1].

Titus, après avoir commencé contre Nabis, oppresseur de Lacédémone, le plus scélérat et le plus cruel des tyrans, une guerre aussi honorable que juste, finit par tromper les espérances de la Grèce : au lieu de l’écraser, comme il le pouvait, il fit la paix avec lui, et laissa Sparte sous le joug d’une indigne servitude. Peut-être craignait-il que, la guerre venant à traîner en longueur, il n’arrivât de Rome un nouveau général qui lui enlèverait la gloire de la terminer ; peut-être cédait-il à un sentiment d’envieuse et jalouse rivalité que lui inspiraient les honneurs rendus à Philopœmen : on avait reconnu mainte fois dans ce dernier un des plus habiles généraux qu’eussent eus les Grecs ; il avait surtout donné dans cette guerre des preuves étonnantes de courage et de capacité. Les Achéens lui décernaient dans les théâtres les mêmes respects et les mêmes honneurs qu’à Titus ; et celui-ci s’en chagrinait, n’imaginant pas qu’un homme d’Arcadie, qui n’avait commandé que dans de petites guerres, et contre des peuples voisins du sien, pût être l’objet de leur admiration, à l’égal d’un consul romain qui était venu combattre pour la liberté de la Grèce. Au reste, Titus disait, pour se justifier, que s’il avait fait la paix avec Nabis, c’est qu’il avait vu que la perte du tyran entraînerait les plus grands maux pour les Spartiates.

Entre tous les honneurs que lui décernèrent les Achéens, il n’y en eut pas un qui parût égaler ses bienfaits, hormis le présent qu’ils lui firent, et qu’il préféra à tout le reste. Voici en quoi consistait ce présent. Les Romains faits prisonniers dans la guerre contre Annibal avaient été vendus et dispersés dans différentes contrées où ils vivaient en esclavage. Il y en avait dans la Grèce

  1. Deux cent soixante-trois ans plus tard, l’an 67 de notre ère.