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garnisons de Philippe les villes et les îles de ce pays, et Publius Villius s’embarqua pour aller traiter avec Antiochus de la liberté des Grecs qui étaient sous sa dépendance. Titus lui-même passa à Chalcis ; puis, de là il fit voile pour la Magnésie, ôtant les garnisons de toutes les villes, et rendant aux peuples leur gouvernement et leurs lois.

À Argos, il fut nommé agonothète des jeux néméens[1], qu’il fit célébrer avec une grande solennité, et où il proclama derechef, par la voix d’un héraut, la liberté de la Grèce. De là, il parcourut les villes, prescrivant des règlements sages, réformant la justice, rétablissant entre les peuples divers la concorde et l’harmonie. Apaiser les séditions, rappeler les bannis, réconcilier les Grecs entre eux par la persuasion, c’était une gloire dont il n’était pas moins fier que d’avoir vaincu les Macédoniens par la force des armes. Aussi la liberté sembla-t-elle bientôt le moindre de ses bienfaits. Le philosophe Xénocrate, traîné un jour en prison par les publicains, qui voulaient lui faire payer l’impôt que paient les étrangers établis dans la ville, avait été délivré de leurs mains par l’orateur Lycurgue, et son libérateur les avait fait punir de leur brutalité. On conte que Xénocrate, ayant rencontré les fils de Lycurgue : « Je paie avec usure, dit-il, le service que m’a rendu votre père ; car il en est loué de tout le monde. » Mais les bienfaits de Titus et des Romains, en excitant la reconnaissance de la Grèce, ne leur attirèrent pas seulement les louanges de tous les peuples, ils leur valurent, et à juste titre, des droits à la confiance universelle, et un accroissement de puissance. Ce n’était point assez pour les Grecs de recevoir les généraux imposés

  1. On les célébrait dans la forêt de Némée en Achaïe en l’honneur d’Hercule, vainqueur du lion ; comme les jeux isthmiques, c’était deux fois par Olympiade, mais à d’autres époques.