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stances ; mais le plus souvent aussi il résistait ; et, pour cela, il s’efforçait d’attirer au parti de la liberté les hommes les plus capables de parler et d’agir.

Le Mégalopolitain Aristénète jouissait d’un grand crédit chez les Achéens ; mais il faisait de tout temps sa cour aux Romains ; les Achéens ne devaient, suivant lui, leur faire aucune opposition, ni leur refuser rien qui pût leur être agréable. Un jour qu’il exprimait cette opinion dans l’assemblée, Philopœmen, à ce que l’on rapporte, l’écouta en silence, mais avec douleur ; à la fin, emporté par l’impatience et la colère, il lui dit : « Ô homme ! tu es donc bien pressé de voir arriver l’heure fatale de la Grèce ! »

Le consul romain Manius, après avoir vaincu Antiochus[1], demanda aux Achéens qu’ils permissent aux exilés lacédémoniens de rentrer dans leurs foyers ; et Titus crut convenable de faire la même demande que Manius en leur faveur. Philopœmen s’y opposa, non point pour se montrer ennemi de ces exilés, mais parce qu’il voulait que cela se fît seulement par lui et les Achéens, et non par la faveur de Titus et des Romains. Élu général l’année suivante, il ramena lui-même les exilés dans Sparte. C’est ainsi qu’il montrait, par élévation d’âme, une opposition opiniâtre à toutes les prétentions d’autorité.

Nommé général des Achéens pour la huitième fois, à l’âge de soixante-dix ans, il espérait que les affaires lui permettraient de passer dans la paix son année de commandement, et de vivre le reste de sa vie en repos. Les maladies s’affaiblissent avec les forces du corps ; il en était de même des villes de la Grèce : elles n’avaient plus de puissance, les luttes cessaient. Cependant une

  1. Le consul Manius Acilius Glabris défit Antiochus l’an 191 avant J.-C.