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écrit des traités sur toutes sortes de sujets, et aussi des livres d’histoire[1].

Dans sa jeunesse, il s’était appliqué à l’agriculture, en vue du profit qu’il en tirait. « Il n’y a, dit-il, que deux moyens d’augmenter son bien : la culture des terres et l’économie. » Devenu vieux, l’agriculture ne fut plus pour lui qu’un objet d’amusement ou de théorie. Il fit un traité des travaux rustiques, où il donne des recettes même pour la préparation des gâteaux et la conserve des fruits ; car il se piquait d’exceller en tout, et d’avoir sur toutes choses des idées à lui. À la campagne, il faisait meilleure chère qu’à Rome : il invitait souvent à souper ses amis du voisinage, et se livrait avec eux à la joie : convive gai et aimable, non-seulement avec les hommes de son âge, mais même avec les jeunes gens ; car, outre son expérience personnelle, il avait vu et entendu dire beaucoup de choses intéressantes, qu’on aimait à lui entendre raconter. La table était, suivant lui, un des meilleurs instruments qui servent à nous faire des amis : il amenait d’ordinaire, dans la conversation, l’éloge des hommes de bien et d’honneur ; jamais un mot sur les méchants et les gens inutiles : Caton ne permettait pas qu’on en parlât à table, ni en bien ni en mal.

Le dernier de ses actes politiques fut, à ce qu’on croit, la ruine de Carthage. À la vérité, le jeune Scipion consomma l’œuvre ; mais c’est par le conseil de Caton, et sur sa proposition, qu’on avait entrepris la guerre ; et voici à quelle occasion. Caton avait été envoyé auprès des Carthaginois et de Massinissa le Numide, qui se faisaient la guerre ; et il était chargé d’examiner les causes de leur différend. Massinissa était de tout temps l’ami du peuple romain ; et les Carthaginois, depuis leur défaite par Scipion, avaient obtenu la paix en se dépouillant de leur

  1. Il n’en reste presque rien, sauf le de Re rustica.