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une maison honorée du consulat et du triomphe. Mais, quand il vit que Caton parlait sérieusement, il accepta très-volontiers ; et, arrivés qu’ils furent au Forum, ils dressèrent le contrat. Comme on faisait les apprêts de la noce, le fils de Caton prit avec lui plusieurs de ses proches, et alla demander à son père quel sujet de plainte ou de déplaisir il pouvait avoir contre son fils, pour lui amener une marâtre. « À Dieu ne plaise ! mon fils, lui dit Caton d’une voix forte ; je n’ai qu’à me louer de ta conduite ; je ne te reproche rien ; mais je désire laisser après moi plusieurs enfants qui te ressemblent, et à la patrie plusieurs citoyens tels que toi. » On dit que cette réponse avait été faite, bien avant lui, par Pisistrate, le tyran d’Athènes, lorsqu’il donna pour belle-mère à ses fils déjà grands Timonassa d’Argos, dont il eut, dit-on, Iophon et Thessalus.

Il naquit à Caton, de son second mariage, un fils qu’il surnomma Saloninus, du nom de sa mère. Son fils du premier lit mourut étant préteur : Caton en parle souvent dans ses ouvrages comme d’un homme de grand mérite. Il supporta, dit-on, ce malheur avec la modération d’un philosophe, et sans rien perdre de son application aux affaires publiques. Il ne se fit pas de la vieillesse, comme plus tard Lucius Lucullus et Métellus Pius, un prétexte pour renoncer au gouvernement, dont il regardait les fonctions comme un devoir sacré ; il ne suivit pas non plus l’exemple de Scipion l’Africain, qui, découragé par l’envie que lui avait attirée sa gloire, se détourna du peuple, quitta la vie active, et passa le reste de ses jours dans le repos. Quelqu’un avait persuadé à Denys qu’il n’y avait pas de plus belle sépulture que la tyrannie : Caton croyait, lui, qu’il n’y avait rien de plus beau que de vieillir dans les affaires publiques. Pour se distraire de ses travaux et se délasser dans les moments de loisir, il composait des ouvrages, ou cultivait ses champs. Il a