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gnèrent, à leur tour, aux Grecs, à se baigner nus avec des femmes.

C’est ainsi que Caton accomplissait cette noble œuvre, formant et façonnant son fils à la vertu. Le jeune homme montrait, il est vrai, les meilleures dispositions, et répondait, par son application, aux soins de son père ; mais la faiblesse de son corps ne lui permettait pas de grands travaux, et Caton se vit forcé de relâcher un peu de la sévérité et de la rigueur de son éducation. Cependant, malgré cette complexion débile, le jeune Caton montra une grande valeur dans les combats, et se distingua à la bataille que Paul Émile gagna sur le roi Persée[1]. Il y fut blessé au poignet, et son épée sauta du coup, glissant dans sa main en sueur. Affligé de cet accident, il s’adresse à quelques-uns de ses camarades, qu’il prie de l’aider, et retourne avec eux se jeter au milieu des ennemis. Là, il combat si longtemps, il fait de si grands efforts, qu’il parvient à les écarter, et à éclaircir l’endroit où était son épée ; il la trouve enfin sous des monceaux d’armes et de morts, tant amis qu’ennemis. Le général Paul Émile admira fort l’action du jeune homme ; et l’on a encore une lettre de Caton à son fils[2], dans laquelle il loue singulièrement son ardeur et ses efforts pour retrouver son épée. Le jeune homme épousa, dans la suite, Tertia, fille de Paul Émile et sœur de Scipion ; il dut non moins à son propre mérite qu’à la vertu de son père l’honneur de s’allier avec une si noble famille. Tel fut l’heureux succès des soins que Caton avait donnés à l’éducation de son fils.

Il possédait un grand nombre d’esclaves : c’étaient des prisonniers qu’il achetait, choisissant les plus jeunes, et par là les plus faciles à élever et à dresser, comme sont

  1. Voyez la Vie de Paul Émile dans ce volume.
  2. Cet écrit est perdu aujourd’hui.