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rius Sempronius, qui allait faire la guerre en Thrace et sur l’Ister ; il accompagna en Grèce, comme tribun des soldats, le consul Manius Acilius, qui marchait contre Antiochus le Grand, l’ennemi le plus redoutable des Romains, après Annibal.

Antiochus avait conquis d’abord, peu s’en faut, toutes les possessions de Séleucus Nicanor en Asie, et réduit sous son obéissance une foule de nations barbares et belliqueuses. Il avait fini, dans l’ivresse de ses succès, par déclarer la guerre aux Romains, comme aux seuls adversaires dignes désormais de se mesurer avec lui. Il donnait à cette guerre le prétexte spécieux d’affranchir les Grecs, lesquels, délivrés tout récemment, par le bienfait des Romains, du joug de Philippe et des Macédoniens, vivaient libres, se gouvernant par leurs propres lois, et n’avaient nul besoin de son aide. Il passa la mer avec une armée. La Grèce s’agita bientôt avec un mouvement tumultueux, et conçut d’orgueilleux desseins, corrompue par les espérances qu’entretenaient les démagogues au nom d’Antiochus. Manius envoya donc des lieutenants dans les villes de la Grèce pour les contenir ; et Titus Flamininus, comme je l’ai dit dans sa Vie[1], calma et ramena sans trouble à leur devoir la plupart des peuples qui penchaient vers la nouveauté. Caton, de son côté, retint les Corinthiens, ceux de Patras et d’Éges, et fit un long séjour à Athènes. On lui attribue un discours qu’il aurait fait en grec au peuple athénien : il y témoignait son admiration pour la vertu de leurs ancêtres ; il vantait la grandeur et la beauté de leur ville, qu’il avait pris plaisir à parcourir. Mais il n’est pas vrai qu’il l’ait prononcé : il ne s’adressa aux Athéniens que par un interprète ; non qu’il ne pût parler très-bien leur langue, mais il était attaché aux coutumes de ses pères, et se mo-

  1. Voyez plus loin dans ce volume.