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prenant eux-mêmes au corps. Aussi résistèrent-ils longtemps avec courage. Cependant les Athéniens restaient immobiles, attendant toujours les Lacédémoniens. Mais tout à coup un grand bruit comme de gens qui combattent, se fit entendre, et un courrier envoyé par Pausanias leur apprit ce qui se passait : ils partent aussitôt, et volent au secours des Lacédémoniens. Ils traversaient la plaine pour aller du côté où le bruit se faisait entendre, lorsqu’ils rencontrent les Grecs qui étaient dans le parti des Mèdes. Aristide ne les a pas plutôt aperçus, qu’il s’avance loin de sa troupe, et leur crie, au nom des dieux de la Grèce, de s’abstenir de combattre, de ne pas entraver leur marche, de ne pas s’opposer au secours qu’ils vont porter à ceux qui défendent la Grèce au péril de leur vie.

Mais, lorsqu’il voit qu’au lieu d’avoir égard à ses remontrances ils se disposent à l’attaquer, il ne songe plus à aller au secours des Lacédémoniens ; il charge ces Grecs, qui étaient environ cinquante mille. Ils plièrent pour la plupart, et battirent en retraite, à la nouvelle de la déroute des Barbares. Ceux qui soutinrent le plus vigoureusement le choc, ce furent, dit-on, les Thébains ; les principaux et les plus puissants de la nation avaient embrassé les intérêts des Mèdes, et s’étaient servis de leur ascendant sur la multitude pour l’entraîner dans ce parti contre son gré. La bataille étant ainsi partagée, les Lacédémoniens eurent fini les premiers d’enfoncer les Perses. Un Spartiate, nommé Arimnestus, tua Mardonius d’un coup de pierre à la tête : événement prédit par l’oracle d’Amphiaraüs. Mardonius y avait envoyé un Lydien, et, à l’antre de Trophonius, un Carien. Ce dernier reçut du prophète une réponse en langue carienne ; pour le Lydien, ayant couché dans le sanctuaire d’Amphiaraüs, il crut voir, pendant son sommeil, s’approcher un des ministres du dieu, et lui ordonner de sortir du