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son armée en bataille ; il s’élança contre les Lacédémoniens avec ses Barbares, qui poussaient des cris et des hurlements affreux. Il s’agissait, à leurs yeux, non point de livrer un combat aux Grecs, mais de dépouiller des fuyards ; et peu s’en fallut qu’il n’en advînt ainsi ; car Pausanias, voyant approcher les ennemis, fit arrêter la marche, et ordonna que chacun prit son poste pour le combat. Mais il oublia, soit colère contre Amompharétus, soit surprise de cette attaque soudaine, de donner le mot aux Grecs, en sorte qu’ils ne purent accourir ni assez promptement, ni tous ensemble, mais par petits détachements, sans aucun ordre, et lorsque le combat était presque engagé. Pausanias faisait des sacrifices sans pouvoir obtenir des signes favorables : il ordonna aux Lacédémoniens de poser leurs boucliers à leurs pieds, de se tenir là immobiles, les yeux fixés sur lui, sans se mettre en défense contre les ennemis, et il se remit à immoler des victimes. La cavalerie ennemie approchait ; elle fut bientôt à la portée du trait, et il y eut des Spartiates atteints. C’est à ce moment que fut percé d’une flèche Callicrate, le plus beau des Grecs, l’homme le plus grand et le mieux fait qu’il y eût, dit-on, dans cette armée : « Ce n’est pas la mort qui me fâche, dit-il en expirant, car je suis parti de ma maison avec la résolution de donner ma vie pour le salut de la Grèce ; mais je regrette de périr sans avoir frappé un seul coup. »

Si la position des Spartiates était affreuse, leur constance n’en fut que plus admirable. Vivement pressés par les ennemis, ils ne se défendaient point : ils attendaient l’heure que les dieux et leur général voudraient leur marquer ; ils se laissaient blesser et tuer à leur poste. Tandis que Pausanias faisait ses sacrifices et ses prières à quelque distance de la bataille, une troupe de Lydiens, disent quelques-uns, survinrent tout à coup, enlevant et renversant tout ce qui servait au sacrifice ; Pausanias