Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 2.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des plus belliqueux. Mais Aristide leur fit sentir qu’ils se trompaient du tout. « Il y a peu de jours, dit-il, vous disputiez aux Tégéates le commandement de l’aile gauche, et vous avez regardé comme un grand honneur de l’avoir obtenu. Voilà que les Lacédémoniens vous cèdent d’eux-mêmes la droite, et vous défèrent en quelque sorte le commandement de toute l’armée, et vous n’êtes pas flattés d’une telle gloire ! et vous n’appréciez pas comme une bonne fortune d’avoir à combattre, non point contre des compatriotes et des parents, mais contre des Barbares, qui sont vos ennemis naturels ! » Frappés de ces représentations, les Athéniens changèrent volontiers de poste avec les Spartiates ; et l’on entendait de toutes parts courir parmi eux les exhortations qu’ils s’adressaient les uns aux autres : « Les ennemis ne sont venus ni avec de meilleures armes que ceux de Marathon, ni avec des âmes plus braves. Ce sont les mêmes arcs, les mêmes habits brodés, ce sont les mêmes ornements d’or sur des corps efféminés et des âmes sans vigueur. Nous, nous avons les mêmes armes et les mêmes corps, et une confiance qu’ont encore accrue nos victoires. Nous ne combattrons pas seulement comme eux, pour la conquête d’un pays ou d’une ville, mais pour maintenir les trophées de Marathon et de Salamine, pour qu’ils paraissent non l’œuvre de Miltiade et de la Fortune, mais celle des Athéniens. »

Ils allèrent donc promptement prendre leur nouveau poste ; mais les Thébains, informés de ce changement par des transfuges, en préviennent Mardonius ; et celui-ci, à l’instant même, soit crainte d’avoir en tête les Athéniens, soit ambition de se mesurer avec les Spartiates, fit passer ses Perses à l’aile droite, et ses Grecs à la gauche pour les opposer aux Athéniens. Pausanias s’aperçoit de ce mouvement de conversion, et se remet