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qui est celle qu’on a adoptée depuis Euclide[1], et la mention du nom d’Archestratus, poëte fréquemment cité, au temps de la guerre du Péloponnèse, comme maître de chœurs, mais jamais au temps des guerres médiques. Du reste, l’argument de Panétius demanderait une discussion plus approfondie. Pour l’ostracisme, il tombait indifféremment sur tous ceux qui s’élevaient au-dessus du vulgaire par la réputation, la naissance, ou le talent de la parole. Damon lui-même, le précepteur de Périclès, subit la sentence d’ostracisme, à cause de la prudence qui semblait le distinguer entre tous. Enfin Idoménée dit qu’Aristide fut nommé archonte, non par le sort des fèves, mais par le choix des Athéniens. Et s’il le fut après la bataille de Platée, comme l’écrit Démétrius lui-même, il est fort vraisemblable aussi qu’il dut à tant de gloire et à de tels exploits d’être jugé digne par sa vertu d’un honneur qu’on n’obtenait d’ailleurs qu’au moyen de la richesse. Mais il est évident que Démétrius veut, à tout prix, justifier Aristide de l’accusation de pauvreté, comme si c’était un grand crime d’être pauvre ; et non-seulement Aristide, mais Socrate lui-même, car il prétend que Socrate, outre une terre qu’il possédait en propre, avait encore soixante-dix mines[2] que Criton lui faisait valoir.

Aristide fut l’ami particulier de Clisthène, celui qui rétablit la république après l’expulsion des tyrans[3]. Entre tous les hommes d’État, il prit pour modèle et pour l’objet de son admiration, Lycurgue le Lacédémonien : aussi embrassa-t-il le parti de l’aristocratie ; mais il eut un adversaire dans Thémistocle, fils de Néoclès, défen-

  1. Archonte la deuxième année de la 88e Olympiade, 426 avant J.-C.
  2. La mine se composait de cent drachmes : c’était environ 92 fr. 68 c. de notre monnaie.
  3. Ces tyrans étaient les Pisistratides.