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COMPARAISON
DE
PÉLOPIDAS ET DE MARCELLUS.


Voilà ce qui nous a paru digne d’être transcrit dans les récits des historiens sur Marcellus et Pélopidas. Tous deux hommes de cœur, infatigables, bouillants, magnanimes, ils avaient même nature et mêmes mœurs. La ressemblance entre eux est parfaite ; s’il paraît exister une différence en quelque point, c’est en ceci : dans les villes que Marcellus prit d’assaut, il fit couler le sang ; jamais Épaminondas et Pélopidas ne tuèrent un seul homme après la victoire, jamais ils ne réduisirent les villes en servitude. On pense que si ces deux généraux avaient été présents à l’affaire d’Orchomène, les Thébains n’auraient pas traité les Orchoméniens comme ils l’ont fait.

Quant à leurs actions, c’est un grand et admirable exploit que celui de Marcellus contre les Celtes, lorsqu’avec si peu de cavaliers il chassa devant lui tant de cavaliers et de fantassins à la fois : action dont on ne trouverait pas aisément un autre exemple dans l’histoire des hommes de guerre ; lorsque enfin il tua de sa main le chef des ennemis. C’est en quoi faillit Pélopidas : il tenta la même entreprise, mais il périt sous les coups du tyran, et fut prévenu par celui qu’il voulait frapper. Toutefois à cette journée on peut comparer celles de Leuctres et de Tégyre, qui furent aussi des victoires fort grandes et fort éclatantes. En fait de secret et de surprise, il n’y a,